Mémoires du Plateau (2)

(...) L’heure suivante est dédiée à la classe de 3D de M. Valentin. Ses élèves ont écrit des lettres inspirées soit du recueil, soit des bulletins de la SMN qu’il possède. Des questions ont été préparées pour la rencontre.

 Lorsque vous étiez enfants, qu’aviez-vous comme cadeaux ?
Mme Chaslot, qui a rejoint le groupe, répond : « Une orange et un sucre d’orge ». M. Lopez, lui, se souvient de la fierté d’avoir reçu un canard en bois !
Mme Chaslot évoque l’arrivée de sa famille en 1924 ; son père a travaillé à la SMN ainsi que son frère, formé à l’École d’Apprentissage, puis employé à la SMN.

À nouveau, les élèves posent des questions sur l’École d’Apprentissage destinée aux garçons et l’École Ménagère pour les filles.

Une interrogation sur les logements permet aux intervenants de parler des habitations. Elles étaient marquées du sceau de la hiérarchie sociale. En effet, il y avait au sommet, le « château » du directeur, puis les ingénieurs dont les logements essaimaient autour, des gardes assuraient une surveillance des lieux. Enfin, les ouvriers logeaient plus loin, par exemple rue du Bois. Les élèves sont stupéfaits d’entendre que la grandeur des habitations était fonction de la hiérarchie sociale et non du nombre de membres de la famille. Les logements étaient construits par la SMN, une personne extérieure à l’entreprise n’habitait pas sur le Plateau.

Mme Chaslot décrit les bombardements de juin 1944, de peur, elle est allée se cacher chez sa voisine, sous le lit ! Le 06 juin, sa famille partit se réfugier dans les grottes de Mondeville, elle en ressortit le 13 juillet pour l’exode. M. Prokop explique ce qu’il advint de la SMN durant la première et la seconde Guerre Mondiale, et la séance se termine, offrant une pause aux orateurs !


La troisième rencontre se déroule avec les 3A. Mme Lambert, leur professeur, a débuté sa séquence pédagogique par une analyse stylistique des textes du recueil. Ã partir de cette analyse, les élèves ont bâti un questionnaire.

 Pouvait-on habiter sur le Plateau sans travailler à la SMN ?
Non, en revanche, l’inverse était possible. M. Desvages raconte qu’il y avait à Gouvix, par exemple, des gens qui travaillaient à la SMN et qui prenaient le train ouvrier pour se rendre au travail. Certains, en revanche, étaient quasiment obligés d’habiter à proximité de leur lieu professionnel.

M. Boisseau, ingénieur à la SMN, expose que la géographie du Plateau relève du modèle des constructions des quartiers de l’Est de la France, c’est un classement par le grade. Il explique que les gens se côtoyaient entre voisins, et comme les ouvriers n’étaient pas les voisins des ingénieurs ou des contremaîtres, les relations extra-professionnelles étaient, dès lors, réduites. Mais, il souligne que le travail, au sein de la SMN, unissait les gens, il y avait une fierté d’exercer ce travail dur, parfois dangereux. Il indique également que les gardes étaient des personnes qui avaient une fonction semblable à celle d’un garde-champêtre.

Les intervenants décrivent le principe de la coopérative.
Il fallait des logements mais il fallait, également, parvenir à nourrir les gens. L’alimentation était assurée par l’usine via une convention avec un épicier. On comptait trois coopératives. Il y avait aussi un magasin de confection.

Les élèves souhaitent savoir ce que les personnes pensent de l’évolution du Plateau aujourd’hui.
M. Prokop est surpris, assez négativement, de l’évolution de la relation au quartier. C’est le passage de la cité ouvrière à la cité dortoir ! M. Desvages déclare que l’association « Mémoire et Patrimoine » a comme objectif de transmettre aux habitants la mémoire des lieux.

Les échanges se poursuivent sur l’architecture et son évolution.
Il y a eu des destructions pendant la Seconde Guerre, et une reconstruction, un peu différente, avec de la pierre de Caen. L’École d’Apprentissage a été inaugurée en 1950, mais si on souhaite avoir une vision de l’architecture des années 20, il faut aller rue des Sports ou cité des Roches.

M. Prokop prend un instant pour évoquer l’histoire de l’immigration russe dans sa globalité et ainsi mettre en relief le multi-culturalisme du Plateau.

Pour terminer la séance, les intervenants expliquent les raisons essentielles qui ont causé la fin de la SMN et la fermeture en 1993.

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