Mémoires du Plateau (3)

Mardi 23 janvier 2018

Pour cette deuxième journée, c’est au tour de la classe de 3C de prendre part aux échanges. Comme la veille, des élèves du dispositif Ulis participent également aux rencontres. Mme Masson a fait élaborer des textes à sa classe et les intervenants sont invités à se prononcer sur leur vraisemblance. G Kielbasa, P. Desvages et G. Prokop se prêtent volontiers à l’exercice.

Les élèves présentent des lectures à deux voix. Il y a tout d’abord le dialogue imaginaire d’un petit enfant et de son grand-père arrivé de Russie dans les années soixante.
M. Prokop explique qu’une émigration dans les années soixante n’était, politiquement, pas possible, mais il note que l’essentiel a été bien rendu.

Puis, un groupe met en scène une grand-mère et son petit-fils. Elle raconte sa jeunesse heureuse sur le Plateau et la fermeture de l’usine.
M. Kielbasa déclare qu’il a retrouvé, à la lecture de ce texte, la saveur des souvenirs de sa jeunesse. M. Prokop, quant à lui, souligne que les élèves ont bien décrit le brassage culturel entre les différentes communautés du Plateau et les félicite.

Un autre groupe a imaginé un dialogue autour d’une vieille photographie. La SMN et l’École Ménagère sont abordées, ainsi que la ségrégation sociale, bien présente, nuancée cependant par les bons souvenirs de la vie collective sur le Plateau.

M. Prokop souligne la parfaite compréhension du livre. M. Kielbasa précise qu’entrer à l’École Ménagère était très bien vu à l’époque. M. Desvages retrace son arrivée, en 1968, à l’École d’Apprentissage, l’obtention de son CAP puis son intégration à l’usine. Certains élèves des deux écoles ont même obtenu des prix lors de concours nationaux !

M.Prokop parle du hiatus entre l’état d’esprit de la société à l’époque et aujourd’hui. Les intervenants s’accordent à dire qu’il faut remettre dans son contexte le paternalisme humaniste, ce n’était pas étouffant. Une vision cependant différente, comme celle de G. Guillemot, est aussi abordée.

Le texte suivant permet d’évoquer les institutrices, recrutées par la SMN, qui officiaient dans les écoles, et de traiter le sujet du sport en mentionnant le club de judo du Plateau.
Les élèves et les intervenants discutent ensuite, jusqu’à la fin de l’heure, des activités de loisirs proposées grâce au comité d’entreprise et des superbes souvenirs d’enfance de chacun des invités.


La dernière séance concerne la classe de 3B de S. Douville. Il explique que ses élèves sont partis de photographies d’époque pour créer leurs textes : ce sont les souvenirs des narrateurs qui remontent à la surface. Mme Giancaterino est venue se joindre au groupe des intervenants.

Le premier texte narre le travail d’un ouvrier polonais, il raconte son quotidien et un accident qui a blessé mortellement l’un de ses camarades. M. Desvages acquiesce et évoque la dangerosité du travail.

Le texte suivant raconte les vacances de deux enfants, en colonie, et leur découverte de la mer, avant un tragique accident. Mme Giancaterino se souvient des colonies de vacances à Franceville, la SMN y possédait un terrain et un bâtiment. Après guerre, en revanche, la colonie se trouvait à Saint Germain de Livet. M. Prokop insiste sur la gratuité du loisir offert.

Mme Giancaterino se remémore la grande fête annuelle du 14 juillet, organisée et orchestrée par la SMN. Les enfants des écoles défilaient, vêtus de blanc. Ils préparaient des spectacles de gymnastique, les entraînements avaient lieu un à deux mois à l’avance. La décoration était également réalisée à l’école. Il y avait trois jours de festivités avec une fête foraine, un bal.

 Cela ne vous dérangeait pas que tout soit géré par la SMN ?
M. Kielbasa répond qu’il n’y avait pas de sentiment d’oppression ou d’étouffement.

Une question émerge sur l’importance des jardins.
Les intervenants expliquent que la SMN avait souhaité fournir un jardin aux familles, cela représentait un complément pour elles. Si le jardin n’était pas correctement entretenu, il y avait un rappel à l’ordre par l’un des gardes ; si la situation persistait, il y avait ensuite un rappel administratif via le responsable du service à l’usine. Les élèves se demandent bien comment tout cela pouvait ne pas être pesant pour les adultes !

S’ensuit une évocation du système scolaire. L’école était gratuite, et le mérite scolaire était récompensé, pour les trois meilleur(e)s du classement annuel, par l’ouverture d’un livret de caisse d’épargne.

Le texte d’un groupe d’élèves sur le sport permet d’ouvrir le chapitre du football sur le Plateau et de la grande rivalité qui opposait l’équipe du Plateau au stade Malherbe de Caen !
M. Prokop dresse le portrait de Georges Bassinet, gardien de but émérite, qui travaillait à l’usine. Mme Giancaterino fait référence aux deux frères Hidalgo et M. Kielbasa évoque un match mixte opposant l’équipe féminine de Potigny à celle des vétérans de la SMN, à la fin des années 50.

Enfin, les élèves veulent savoir comment a été ressentie la fermeture de l’usine.
Mme Giancaterino répond que ce fut un choc. M. Desvages déclare que cela fut aussi ressenti comme une trahison car deux ans auparavant, des garanties avaient été données par le gouvernement et une modernisation avait été entreprise ; la fermeture apparaissait comme inimaginable.

La séance s’achève et marque la fin de ce cycle de rencontres passionnantes.

Au nom de l’équipe pédagogique du collège, je tiens à remercier sincèrement tous les intervenants pour leur générosité et leur disponibilité. Ils ont permis à nos élèves de connaître des moments d’échanges rares. Je tiens également à adresser notre reconnaissance à la bibliothèque de Giberville et au service culturel sans qui ce beau projet n’aurait pas vu le jour.

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